Jeudi 11 Janvier 2007.

Départ à 12h30 de Brumath, arrivée à Kehl à 13h00. Je suis tellement en avance que je peux prendre le train de 13h03. Le wagon est presque vide quand je monte mais à Kork des écoliers montent et mettent un peu d’ambiance. Arrivée à Offenburg à 13h24 et départ à 13h30, direction Mannheim. Nous longeons les magnifiques paysages vallonnés de la Forêt Noire, baignés par le généreux soleil. Faudra que je vienne faire des tours en vélo dans le coin… A Mannheim, changement de train et départ à 14h35 pour arrivée à 15h06 à Frankfurt. Navette vers le terminal 2 où j’arrive à 15h27, largement en avance. Je rencontre déjà le 1er participant du voyage et au guichet un autre est déjà là est nous accueille. Je suis entouré par 2 « Helmut », l’un sin, l’autre con « H » au bout. Petit à petit les autres aventuriers arrivent et on commence à s’enregistrer, ce qui m’étonne un peu, car on n’attend pas tout le groupe. Mon sac est le plus léger (près de 5 kg de moins que les autres) et je me fais quelques soucis quand à mes affaires emmenées d’autant plus que le participant qui a fait l’Aconcagua l’année précédente, me parle de -20° la nuit (-10° sous tente, -17° au sommet). Nous passons les contrôles, buvons encore un verre avant d’embarquer à 19h10. Il n’y a pas beaucoup de monde à bord et nous supposons que l’avion va se remplir à Madrid où il fait escale. Dans l’avion, chaque voyageur possède son propre écran télé dans le siège du prédécesseur, ce qui lui permet de faire son propre programme, entre films, musiques, jeux ou suivi du vol. Le vol dure en tout 16h00, décomposé en 2h00 de Frankfurt à Madrid, 2h00 d’escale et 12h00 de Madrid à Santiago. Lorsqu’on décolle de Madrid, on est déjà Vendredi 12 Janvier 2007. Mon écran ne fonctionne pas, mais j’ai obtenu une place au hublot, ce qui me permet d’observer les villes éclairées au décollage

J'irai au bout de mes rêves...

Vendredi 12 Janvier 2007.

Lorsque je me réveille, il est déjà 10h00 du matin et je suppose qu’il ne reste plus que 3h00 de vol ; en fait, il n’est que 6h00 du matin au Chili, vu le décalage de 4h00. Le ciel est assez couvert, mais à travers les trouées des nuages j’aperçois le paysage et je suppose qu’on survole l’Amazonie avec un grand serpent brun qui s’écoule, tantôt large, tantôt fin en grandes méandres à travers la forêt. En consultant le plan du vol, on est effectivement au dessus du Brésil. Le petit déjeuner est servi à 11h40 heure française (omelette, pain, beurre, confiture, yaourt, ananas et melon). J’ai une belle vue sur les Andes et ses montagnes sombres dont les sommets sont recouvert de neige. Arrivée à Santiago à 13h15 (9h15 heure chilienne). On annonce 34° pour l’après-midi.

Atterrissage, formalité d’entrée, passage à la douane, chien policier détecteur de drogue, ça ne rigole pas ! Ute se voit même confisquer un salami, interdiction d’importer des produits alimentaires !(moi, j’arrive à faire passer mes fruits secs ). Puis on prend le bus vers l’hôtel Rio Bidasoa **** à 10h30 heure locale. Pisco Sour, boisson du pays, en cocktail de bienvenue, pas mauvais, mais assez alcoolisé, sur la terrasse, en face de la piscine.

 

Nous nous enfonçons plus avant dans les montagnes qui étalent une belle palette de couleurs, rendant le paysage moins monotone, voire surprenant et fascinant. Les couleurs varient de l’ocre au brun en passant par le gris, le rouge et le blanc.De temps en temps, de la végétation verte rajoute une touche de gaité et de vie et ces endroits où coule un peu d’eau sont même habités. Nous apercevons quelques bâtisses sommaires faites de pierres, de tôles et de bois, quelques chevaux, chèvres et ânes. Nous continuons notre lente montée et les buissons et arbustes laissent place à des herbes de pampa, qui deviennent de plus en plus menues au fur et à mesure de notre ascension. Soudain le bus cale, la pompe n’arrivant plus à aspirer le carburant suite à la chute de pression. Le chauffeur est obligé de descendre et d’ouvrir le réservoir pour laisser rentrer l’air et repartir. Cette manœuvre va se répéter plusieurs fois avant d’arriver au col à 4.000 mètres qui nous offre notre première vue sur la lagune Santa Rosa. Nous sortons prendre quelques photos et sommes accueillis par un fort vent dont la fraîcheur tranche avec la fournaise du bus. A la lagune nous apercevons des vigognes et des flamands roses. Le paysage est désertique mais magnifique. Nous montons tant bien que mal nos tentes, gêné par le vent qui souffle toujours aussi fort. Cette opération prend un certain temps (il faut d’abord se familiariser avec la tente) et je suis le seul à être resté en short et T-shirt, les autres ayant déjà revêtu leur goretex. Je fais déjà office d’extra-terrestre et il ne sont pas au bout de leur surprise ! Je monte sur la butte qui nous protège légèrement du vent et prend quelques photos du paysage dont les couleurs sont vraiment magnifiques et mises en valeur par le soleil. Un premier plan avec des touffes d’herbes jaunes rendues dorées par le soleil, puis des tâches blanches de sel séché, le bleu foncé de la lagune, les nuances de brun des collines et le ciel bleu, superbe. Je retourne m’installer dans la tente où Klaus a déjà pris ses quartiers. Je m’installe, allonge le matelas, déroule le duvet, sort les affaires dont j’aurai besoin les prochains jours et attend patiemment le diner que nous prenons sous la tente mess, une grande tente où nous tenons tous en nous serrant un peu, ce qui permet de nous réchauffer. Ce soir le repas est frugal, soupe, tranche de jambon cuit, quelques carottes et concombres et un thé ou un café. Nous supposons que le cuistot n’a pas eu assez de temps pour préparer un repas plus copieux et espérons que cela s’améliorera. Dès la fin du repas, chacun part se brosser les dents avant de se mettre à l’abri dans la tente et d’essayer de dormir. Je m’endors assez rapidement et lorsque la pluie qui tapote sur la tente me réveille, on est déjà Mardi.


Mardi 16 Janvier 2007.

Je suis réveillé par la pluie qui tapote sur la tente et je me lève pour vérifier si toutes mes affaires sont bien au sec. Je me recouche, rassuré, avec la pluie, les éclairs et le tonnerre. Je suppose qu’en altitude, il neige, même si nous, nous sommes déjà à 3.600 mètres. Il fait environ 10° dans la tente et je ne peux pas fermer mon duvet car j’ai trop chaud. Vers 7h00, je me lève, prend mon appareil photo et, malgré le ciel couvert d’épais nuages, part pour prendre quelques clichés car la neige de la nuit a saupoudré les sommets de sucre blanc, ce qui rend le paysage encore plus merveilleux. Je monte sur une butte et attend patiemment le lever de soleil qui éclaire les cimes enneigées. Les couleurs changent continuellement et je ne me lasse pas du spectacle de la nature. Je retourne au campement prendre le petit déjeuner et à 10h00 nous partons faire le tour de la lagune ce qui nous offre encore de belles images avec les montagnes qui se mirent dans l’eau sombre où se prélassent les flamands roses que nous dérangeons. Nous montons sur une colline pour admirer les nuances et les teintes de la lagune avec le blanc du sel, le bleu foncé du ciel et l’ocre des montagnes. Le vent recommence à souffler et cela devient vite pénible. Nous retrouvons notre campement à 12h30 et nous installons dans la tente mess qui est moins surchauffée car dans les tentes individuelles la température avoisine les 40°. Vers 14h00, le repas est enfin servi et les spaghettis sont très appréciés. Un café pour finir le repas et chacun retourne « chez lui ». Je ne tiens pas bien longtemps vu la fournaise et me retire dans la tente mess ou je prends des notes pour mon journal et fais quelques mots croisés. Dehors les nuages sont relativement nombreux et restent accrochés au sommets des Tres Cruces, omniprésentes dans ce paysage. J’espère que cela va se dégager car j’aimerai repartir vers 18h00 pour photographier les Tres Cruces se reflétant dans la lagune avec le soleil dans le dos et non en face comme le matin. Je sors de la tente mess et m’amuse à jouer à la pétanque avec des cailloux, les touffes d’herbe jaune faisant office de cochonnet. Puis je m’essaie au Su Doku, mais je n’arrive pas à me concentrer. Je retourne dans notre tente et me repose un peu avant de partir pour une petite ballade et admirer les changements de teintes des montagnes au soleil couchant. Dommage que les Tres Cruces soient complètement noyés dans les nuages, mais ne désespérons pas, il reste encore la journée de mercredi…Je reviens au campement et m’habille plus chaudement pour le repas du soir. Il semble qu’il y ait moins de vent que la veille, tant mieux. L’attente du repas est interminable car le cuistot n’arrive pas à préparer correctement les pâtes. On est servi avec une heure de retard, ce n’est pas bien grave car il n’y a rien de faire d’autre. Les pâtes sont excellentes et suivi de pastèques en dessert. Puis le traditionnel thé ou café avant de se glisser dans le chaud duvet. Klaus ne trouve plus sa crème solaire et vu que j’ai deux tubes, je lui en prête un pour le dépanner en espérant que le mien, qui est déjà entamé, tienne jusqu’à la fin du voyage. Il a également tendu un fil au plafond de la tente afin qu’on puisse y accrocher des affaires.


Mercredi 17 Janvier 2007.

Je me réveille vers 1h00 et mon thermomètre indique 6°. Il fait plus froid que la veille et pourtant je ne le ressent pas. Je me rendors mais suis réveillé par Klaus qui cherche son 2ème duvet, le 1er étant trop fin. Je me lève vers 6h30, forcé par un besoin urgent et en profite pour prendre mon Ixus, traverser la lagune, prendre un peu d’altitude pour le lever de soleil. Ce matin le ciel est d’une pureté extraordinaire, aucun nuage à l’horizon et les Tres Cruces se dressent majestueusement derrière la lagune, mais malheureusement en plein soleil et donc impossible à photographier. De l’autre coté, par contre, le soleil illumine petit à petit les sommets, commençant par les cimes et descendant progressivement en transformant le brun sombre en ocre étincelant. Entre les faîtes brillantes qui se reflètent dans la lagune dans une couleur or et les zones qui restent à l’ombre, cela donne une belle ambiance que je fixe sur ma carte CF. Je retourne au campement pour le petit déjeuner à 8h00 et un départ en bus à 8h30 pour le 1er sommet d’acclimatation. Il me reste même un peu de temps pour faire une toilette sommaire avec de l’eau froide. Le bus nous ramène au col à 4.000 mètres que nous avons emprunté pour venir et où il nous largue dans la nature. Le départ se fait sur une large piste carrossable qui continue jusqu’au sommet où est installée une station météo. Je prends quelques photos de la vallée avec ses collines toujours aussi riche en couleurs et part dernier du groupe. Je remonte un à un mes compagnons pour finalement rattraper le guide Chilien, Sébastian, qui mène un rythme d’enfer. Je suis le seul à pouvoir (vouloir ?) l’accompagner et lorsque je prend une photo, il m’attend et nous continuons ensemble. Au fur et à mesure de notre montée, les sommets de plus de 6.000 mètres se découvrent avec leur crête blanche de neige. Les bruns des montagnes, le blanc de la neige, le bleu du ciel forment un mélange de couleurs harmonieux, me faisant penser à ceux du Ladakh, mais en plus joli. Sur la droite se dresse les 4.700 mètres du sommet que nous devons gravir et il semble à portée de main. Entre temps, j’ai lâché involontairement Sébastian, simplement en gardant mon allure et en ne faisant plus de pause car j’ai mon camelbag pour me désaltérer. Je suis livré à moi-même et deux variantes s’offrent à moi ; faire un 1er sommet, descendre au col et faire le 2ème sommet ou passer en travers et monter directement au 2ème sommet.

J’opte pour la 1ère solution car je suis largement en avance et je suis de nature curieuse et aimerai avoir la vue de l’autre coté du sommet. Un vent violent m’accueille au sommet qui m’offre une belle vue sur les collines aux couleurs rouges et ocres de coté opposé. Je prends des photos et attend mais personne ne suit ; me serais-je trompé de route ? Mais non, impossible. Je traîne un peu quand j’aperçois Franz que je vais rejoindre. Plus en avant je vois également Bernd R et Reinhard avec le guide et tout le monde est arrêté. Franz n’est pas très content car Sébastian est parti trop vite, ne jouant pas son rôle de guide et de plus, il n’a pas fait le premier sommet, mais a traversé directement vers le 2ème sommet. Nous allons rejoindre les 3 autres devant nous et partons ensemble à l’assaut du sommet que nous atteignons après quelques minutes, toujours sous un fort vent. Nous nous mettons à l’abri en attendant les autres et nous allongeons au soleil. Des photos de groupe, un panoramique à 180°, une petite prise de forces et vers 13h00 nous entamons notre descente sur la lagune sans Carmen qui a rebroussé chemin bien plus tôt, ne se sentant pas bien. La descente est très rapide, directement dans les cailloux et le sable et chacun marche pour soi. Le vent latéral souffle très fort et nous balaye le visage. A la lagune je surprend une horde de vigognes que Bernd R dirige vers moi afin que je puisse mieux les photographier. Au campement des boissons et des fruits nous attendent ; un bel accueil… Le vent se déchaîne encore plus et fait claquer les toiles de la tente dans un tel brouhaha qu’on ne s’entend presque pas parler. Ce vent commence vraiment sérieusement à nous taper sur les nerfs, d’autant plus qu’il fait voler la poussière dans les tentes et salit tout. Je profite du temps libre pour me raser en utilisant le rétroviseur d’une jeep et de faire une toilette sommaire. Ensuite je rédige le compte-rendu de la journée et j’attends 18h00 pour refaire une ballade autour de la lagune car j’ai repéré un point de vue pour prendre des photos. Je reviens vers 19h20, le temps de prendre un thé et Falk, l’accompagnateur Allemand nous fait des remontrances concernant le déroulement de la journée, car nous n’avons vraiment pas marché en groupe. Sont particulièrement visés Sébastian qui ne joue pas le rôle de guide, Bernd R, Reinhard et moi qui l’avons suivi. J’encaisse car je lui donne entièrement raison et c’est bien son rôle de mettre les pendules à l’heure. Au repas, soupe de poissons que j’apprécie, mais qui ne semble pas convenir à plusieurs personnes. Dodo à 21h30.


Jeudi 18 Janvier 2007.

Pour la première fois, je suis obligé de me lever en pleine nuit pour un pipi. Ce matin, autre nouveauté, je reste couché et ne fait pas ma ballade matinale ; il faut dire que j’ai déjà mitraillé plusieurs fois le paysage et que cela suffit. Après le petit déjeuner, nous plions les tentes et faisons les bagages et partons vers 10h00, direction la lagune Negro Francisco à 4.100 mètres, une petite marche de plus vers les hauts sommets. Nous traversons d’abord un plateau désertique où seules quelques touffes d’herbe arrivent à résister au rigueur du climat. Les Tres Cruces nous accompagnent pendant un bout de chemin et semblent nous surveiller. Nous bifurquons à droite et passons devant la Mina Marte, une ancienne mine désaffectée qui nous propose des couleurs vertes que nous n’avions pas encore vu jusqu’à présent. Un petit cours d’eau longe la piste, offrant des espaces de verdures qui attirent des troupeaux de vigognes, il y en a partout. Après 1h45’ de route, il me semble voir une lagune, de même que mon voisin, mais cela m’étonne car celle de Negro Francisco devrait être bien plus loin et sur la carte, je n’en ai pas vu d’autre. Au fur et à mesure qu’on s’y approche, elle disparaît ; nous étions victime d’un mirage. Mais bientôt nous atteignons la lagune Negro Francisco, encore une bizarrerie Chilienne : en effet, il semble que ce soient 2 lagunes juste séparées par une bande de terre, l’une ayant une belle couleur bleu dans laquelle s’ébattent des flamands roses, l’autre d’une couleur brun sombre, complètement désertée. Nous arrivons au refuge qui offre 11 lits, douche chaude, toilettes et même une table de ping-pong, mais les trajectoires des balles sont surprenantes à cette altitude. Vu que nous sommes 15 personnes pour 11 lits, 4 volontaires doivent se désigner pour dormir sous la tente. Je leur prouve que les Français ne sont pas des poules mouillées et me porte volontaire, partageant ma tente avec Bernd R car Klaus préfère dormir en refuge. Nous nous installons dans la salle à manger du refuge qui comporte également une cheminée et Christian ramène déjà du bois ; ce soir, nous aurons chaud au repas. Pour l’instant, impossible de prendre des douches car l’eau ne coule pas encore, va falloir attendre les rangers qui s’occupent du refuge. Après le repas Ute et Franz partent faire une ballade et m’emmène également, ça fera passer le temps. Nous partons tranquillement à l’assaut d’un petit sommet et je m’efforce de suivre leur rythme, plus lent que le mien.

A l’approche du sommet, j’accélère et prend rapidement de l’avance, à tel point que je décide de les attendre à l’abri du vent qui souffle encore. Franz a également lâché Ute qui éprouve des difficultés et je redescend la rejoindre pour l’aider moralement. Bien m’en a pris car elle était prête à rebrousser chemin, mais elle repart sous mes encouragements. Le sommet semble inaccessible car à chaque fois qu’on pense l’approcher, il y a un autre éperon derrière et ainsi de suite, à tel point que Ute perd patiente et capitule. J’accélère le rythme et rejoint rapidement Franz et Jürgen qui a atteint le somment « en solitaire » par un autre chemin. Le vent souffle très fort et il fait très froid, le soleil n’arrivant pas à percer les nuages qui cachent le ciel. C’est d’autant plus dommage que la montagne recèle de trésors de couleurs jaune et ocre qui ne demandent qu’à briller. Nous amorçons notre descente, mais bientôt je quitte les autres pour chercher un point de vue photographique car les nuages commencent à se déchirer sous la force du vent et laissent entrevoir un ciel d’un bleu pur. Je trouve l’endroit propice et tel un félin guettant sa proie, reste tranquillement assis en attendant le moment propice où la lumière est optimale pour déclencher. Le spectacle est magnifique : en premier plan, quelques touffes vertes, puis la première lagune bleue où se nourrissent les flamands, ressemblant à autant de tâches blanches dans l’eau, puis la lagune brune et enfin la montagne avec ses couleurs brunes et ocres dont les sommets enneigés et blancs se détachent dans le ciel encore sombre. Il est déjà 19h30 et il est grand temps que je rejoigne le refuge pour le repas du soir. Ensuite, il ne me reste plus qu’à me raser, à prendre une douche froide (la citerne de gaz est vide, c’est pourquoi l’eau n’est pas chauffée) et à m’installer près du feu et de prendre mes notes. Une petite mauvaise nouvelle : Klaus a décidé de rentrer dès qu’on sera à la lagune Verde car il ne s’est pas bien acclimaté et la chaleur du matin et sous la tente et le vent froid ne lui conviennent pas. Autre nouvelle, Falk aimerait abréger le séjour ici (de 3 nuits à 2 nuits) et se rendre dès le surlendemain à la lagune Verde qui est située dans un plus joli paysage, avec des bains d’eau chaude et également un peu plus en altitude ; la proposition est mise au vote et approuvé à l’unanimité. Dehors, en pleine montagne, 4 lumières brillent : ce sont des géologues qui préparent des petites explosions pour découvrir des filons d’or grâce à la résonnance et apparemment, cela marche mieux la nuit.

Vendredi 19 Janvier 2007.

Première nuit à 4.100 mètres et le thermomètre descend à près de 0° sous la tente, mais cela n’est pas gênant car le duvet est efficace. Bernd R se lève à 1h30 et me dit qu’il n’arrive pas à dormir à cause du bruit du générateur qui alimente le refuge en électricité et qu’il va faire une petite randonnée. Je pense qu’il veut juste aller dans le refuge pour y dormir, mais lorsqu’il s’habille et prend son sac à dos et sa frontale, je comprend qu’il est sérieux et le voilà qui part et comble de l’ironie, une demi-heure plus tard, le générateur rend l’âme, à court de carburant semble-t-il. Vers 6h00, Bernd revient enfin, les yeux complètement rouges et très fatigué. A 8h00, il n’apparaît pas au petit déjeuner car il dort enfin et préfère renoncer au 2ème sommet d’acclimatation. D’ailleurs, il n’est pas le seul et nous formons 2 groupes, dont l’un va faire le sommet et l’autre, plus pépère, le tour de la lagune. Le groupe « montagne » est constitué de Falk, Helmut, Helmuth, Bernd, Rolland, Reinhard, Franz, Franz-Joseph et moi, l’autre de Carmen, Klaus et Jürgen ; Nous partons à 9h00 à travers un amas de cailloux et je reste sagement avec les autres, m’efforçant de ne pas les dépasser, même si le rythme est lent (200 mètres à l’heure). Nous faisons une première pause après une heure (comme convenu), ensuite la montée devient plus raide et le sentier est assez pénible car la terre et les cailloux glissent sous nos pas, rendant la progression difficile. Après une deuxième pause, je dis à Falk que je vais tailler tout droit dans la pente, à travers les rochers qui me semblent beaucoup plus stables et faciles à gravir. Il me traite de « fou », mais me laisse suivre mon idée et je progresse très rapidement, prenant tout de suite pas mal d’avance sur les autres. Je remarque une belle cavité dans la lave et m’y allonge en attendant les autres pour arriver groupé au sommet, accueilli par un vent froid et violent ; j’ai même mis mes gants et mon bonnet à la surprise des autres qui ne m’ont plus reconnu, ne voyant pas ma casquette jaune distinctive. Nous sommes face à un panorama à 360° qui nous dévoile les principaux sommets à plus de 6.000 mètres enneigés dont les Tres Cruces et l’Ojos del Salado. Les variétés de couleurs sont toujours aussi impressionnantes et magnifiques. Nous redescendons par le chemin le plus direct à travers les éboulis pour retrouver le refuge où nous attend le repas : riz-viande et melon-pastèque. J’en profite pour faire la lessive car mes affaires en avaient bien besoin vu la couleur de l’eau de lavage. Après avoir suspendu le linge, je prend un bain de soleil à l’abri du vent. Un camion-citerne vient livrer le gaz et cela nous promet des douches chaudes le soir. Vers 18h30, je pars vers la partie « sombre » de la lagune et prend des photos des montagnes se reflétant dans l’eau sombre, comme dans un miroir. Je capte également quelques flamands roses en plein vol au-dessus de la lagune bleue. Puis je prends une douche chaude, me rase et prend le repas : soupe et frites. Nous voyons même une météorite dans le ciel pur avant de nous coucher.


Samedi 20 Janvier 2007.

Petit déjeuner à 8h00. Démontage de le tente, réparation de la voiture (la cosse de la batterie ne tient plus et aucune clé n’est disponible) et départ vers 9h45 direction la lagune Verde. Nous reprenons d’abord la même piste qu’à l’aller. Quelques photos de flamands et de vigognes et nous arrivons à une bifurcation qui nous amène sur une piste en mauvais état qui nous secoue violemment. Enfin, nous tournons à droite et empruntons une route en meilleur état qui monte régulièrement et doucement et longe une rivière, le Rio Lama qui au fil des années à creusé un petit canyon où l’eau alimente la végétation verdoyante ; enfin un peu de vert dans ce monde de gris, brun et rouge. Nous sommes à 4.400 mètres et nous avons une superbe vue sur les Tres Cruces, de « dos » cette fois-ci et qui sont très proches. Plus loin nous voyons apparaître la pointe de l’Ojos. Encore quelques minutes et nous l’apercevons complètement. Une pause-photo s’impose et je prends mes jumelles pour en saisir tous les détails. La montagne est vraiment fascinante et j’ai hâte de me mesurer à elle. Le plateau que nous empruntons semble être le résultat d’un affaissement, pour preuve l’enceinte de falaises qui l’entoure. Nous arrivons à la lagune Verde où nous montons rapidement nos tentes avant de nous ruer dans l’eau froide et salée de la lagune puis de nous réchauffer dans l’eau chaude des piscines naturelles. Il est déjà 15h00 quand nous prenons notre repas, soupe, pâtes collantes (faudra demander quelques trucs à Philippe…) et pastèques. Nous mettons au point le programme des jours suivants et certainement qu’on fera un 5.000 dimanche et le Cerro Vicunas à 6.000 le lundi avant d’aller au camp de base de l’Ojos à 5.200 mètres. Klaus, qui voulait partir et qui posait un problème d’organisation, a rencontré des connaissances qui se propose de l’emmener et il est tout guilleret. Vers 18h00, je pars pour ma ballade photographique, direction ouest, face au soleil et au vent fort qui me freine considérablement. Je gravis une falaise et me planque dans un endroit abrité qui offre un superbe point de vue sur la lagune et les montagnes environnantes. J’attends le moment propice où le soleil lèche les montagnes, illuminant les teintes d’une clarté magique ; superbe, j’en profite pour faire un panoramique. J’arrive tout juste au campement pour le diner : soupe de moules, salade de tomates, concombres, carottes. Après le repas nous nous installons dans la tente dôme installée sur le site pour bavarder un peu dans un endroit plus calme, le vent faisant moins de vacarme que sur la notre. C’est la première fois que je me couche avant Klaus qui continue de converser avec ses connaissances Suisses et je prépare des sous-vêtement chaud à portée de main, vu qu’on est monté de 300 mètres et qu’il reste de faire plus froid.


Dimanche 21 Janvier 2007.

Je me réveille à 1h30 du matin parce que j’ai…chaud dans mon duvet, un comble à 4.400 mètres, il fait 10° dans la tente. Je mets quelques temps à me rendormir et me réveille à 6h30. A 6h45, comme d’hab, je pars faire des photos au lever de soleil. Quand je reviens, Klaus a déjà fait ses valises et dégager la tente, je vais donc me retrouver seul pour au moins 2 nuits, car ensuite Falk qui est également seul sous sa tente, viendra peut-être partager la mienne ; moi avec le « chef Allemand », quel honneur !! Klaus prend congé de nous avant que nous démarrons notre ballade par une montée raide qui effectue déjà une belle sélection. Seul Bernd R arrive à suivre le rythme d’enfer. Nous attendons les autres et Falk demande à Bernd de donner le pas ne pas aller trop vite et ne veut surtout pas me voir devant pour ne pas exploser le groupe. Je suis donc obligé de faire une halte de temps en temps pour ne pas être devant. La pente est toujours raide et le sol meuble ne permet pas d’avoir de bons appuis et je me félicite d’avoir emmené les bâtons pour faciliter la progression. Après une heure, nous faisons notre première pause de 10 minutes puis continuons sur une pente un peu moins raide à travers des cailloux. La variété des cailloux, leur forme, leur structure, leur consistance, leur couleur, leur masse est vraiment illimité et je regrette de ne pas mieux connaître la géologie et je me promets de faire des recherches sur internet à mon retour. Une deuxième pause survient après 50 minutes et nous repartons pour une dernière étape et atteindre les 5.000 mètres de la montagne Muelas Muerta. Sur cette partie je discute avec Jürgen qui m’apprend qu’il a également fait de l’athlétisme et couru le marathon en 2h40. Mais en 2005, des médecins lui ont annoncé qu’il n’a plus que quelques mois à vivre et il s’est un peu lâché, ce qui est compréhensible. A la dernière pause, pour passer le temps, je ramasse des pierres avec des éclats scintillants et je pense même y distinguer des traces d’or, ce qui n’est pas impossible d’après Christian. Nous amorçons notre descente et je traîne un peu et observe le sommet que nous allons faire le lendemain, le Cerro San Francisco (qui remplace le Vicunas initialement prévu pour des raisons d’organisation, semble-t-il) sur la frontière Argentine. Je vais donc également mettre les pieds en Argentine. Le repas est copieux, entrée, poulet, purée, fraises et bananes. L’après-midi, rasage, prise de notes et repos. Le soir, vers 18h00 est prévue une visite médicale car un participant est médecin ; vu que le déjeuner est prévu à 19h00 (au lieu de 20h00) car le lendemain il faut partir tôt, je ne pourrai pas faire ma ballade photographique traditionnelle. D’autant plus que Christian cherche 2 volontaires pour aller chez les carabineros pour signer les permis d’ascension et Franz-Joseph et moi y allons. Au poste, des journalistes nous prennent en photo car ils vont faire un article sur notre expédition ; une fois de plus, je suis une « vedette ». Le soir, nous mangeons sous la tente-dôme où il y a un peu plus d’ambiance car un Saarländer Georg « Chorch » est en pleine forme, un clone du Gimitelli, impossible à faire taire. Je me couche seul dans la tente pour la première fois.


Lundi 22 Janvier 2007.

La nuit a encore été « chaude », je suis même sorti de mon duvet pour ne me glisser que dans le sac à viande en soie, mais ce n’était pas suffisant et je retourne dans mon duvet. A 6h30, je me lève et réveille Falk à coup de pierres sur la tente car le petit déjeuner est à 7h00. Je suis étonné de voir que le petit déjeuner n’est pas plus copieux, vu la journée qui nous attend avec 1.300 mètres de dénivelé. Il n’y a ni muesli, ni omelette, ni viande, étonnant…Vers 7h40 nous partons direction l’Argentine en minibus et une jeep (pour rapatrier un participant en cas de problème) vers le Cerro San Francisco, notre objectif du jour. Le bus nous largue à 4.750 mètres et nous démarrons doucement sur un espèce de plateau légèrement en pente et je fais photo sur photo pour ne pas prendre d’avance. Deux groupes se forment rapidement, l’un mené d’un pas de métronome par Reinhard. Je fais la navette entre les deux groupes et un moment je me retrouve même dernier après un grand besoin. Nous avons gravi une première pente sur de gros cailloux, donc facile à marcher, redescendu une centaine de mètres et maintenant, devant nous, se dresse une pente très raide sur du sol instable ; cela promet, y en a qui vont souffrir. Je suis tranquillement Carmen qui a été décrochée, ne pouvant pas la dépasser vu la nature du sol. Plus loin une opportunité s’offre à moi et je remonte les autres participants jusqu’à rejoindre le premier groupe où Falk me demande de rester avec Rolland qui épreuve des difficultés sur la pente qui s’est encore durcie et qui longe maintenant un névé. Heureusement une pause nous permet de revenir sur le groupe de tête qui a pris de l’avance. Ne restent en retrait que Carmen, Ute et Franz-Joseph, le Saarländer ayant fait demi-tour. Nous repartons sur une pente plus douce, toujours sous la conduite de Reinhard jusqu’à arriver à un col où se dressent de petits pénitents. Le sommet est tout proche et je décide d’accélérer le pas, dépasse les autres, rattrape Sébastian qui m’indique la voie à suivre. Je pars donc seul à l’assaut des derniers 200 mètres et arrive en solitaire au sommet ; je viens gravir mon 2ème 6.000 mètres après le Stok Kangri au Ladakh. J’attends les autres à l’abri du vent, puis nous nous notons dans le livre du sommet et faisons maintes photos du panorama à 360° qui s’offre à nous. Plus tard Ute, Franz-Joseph et Falk arrivent et nous apprennent que Carmen suit également, ce qui me surprend vu les difficultés qu’elle avait éprouvé lorsque je l’ai suivi ; elle a du cran et du mérite. Comme je suis depuis très longtemps déjà au sommet, je redescend pour la chercher et l’encourager sur les derniers mètres. Elle semble complètement épuisée et les derniers mètres sont une totale souffrance, l’obligeant à s’arrêter tous les 3-4 pas pour reprendre son souffle.

On fait une photo du groupe au complet et on amorce la descente un peu trop rapidement car Carmen n’a pas eu le temps de récupérer et éprouve tout de suite des difficultés d’autant plus qu’un vent violent souffle de face. Autre problème, la descente ne s’effectue pas par le même itinéraire, or Ute a laissé son sac sur le chemin en pensant le reprendre au retour. C’est Jürgen qui se charge de partir le chercher et nous rejoindre plus tard. Chacun étant parti dans la descente tout droit à travers les éboulis, Falk demande au groupe de respecter les moins forts et de rester groupé et m’ordonne de fermer la marche, ce qui ne me dérange pas trop car en descente je ne suis pas très rapide. Je reste donc lanterne rouge et pour que Carmen, affaiblie, ait plus de facilité à descendre et offre moins de surface au vent, estimé à près de 100 km/h par les Chiliens, je lui prend son sac à dos et le glisse dans le mien, vu que j’ai le grand sac car la sangle abdominale du petit s’est cassée. Nous descendons péniblement, le vent, maintenant de face, cingle notre visage et nous envoie toute la poussière dans la face, poussière qui pénètre partout, même dans les yeux, malgré les lunettes. Il faut laisser quelques mètres entre chaque randonneurs pour éviter cet inconvénient. Un peu plus loin nous créons 2 groupes, l’un qui descend plus vite pour rentrer en minibus, l’autre qui reste avec Carmen et qui rentre en jeep. Je pars avec le premier groupe, mais reste toujours en queue de peloton et accompagne Rolland qui perd du terrain. Vers 18h00, nous rejoignons enfin notre campement où je me lave immédiatement avant de m’installer sous la tente dôme où Carmen nous annonce qu’elle va abréger là son voyage. Je pense que c’était une sage décision, vu les difficultés qu’elle a éprouvé, mais elle aurait pu rester avec le groupe et ne pas tenter le sommet. Nous perdons donc notre 2ème participant en 2 jours, va falloir arrêter l’hémorragie. Carmen part le soir même car un chauffeur descend à Copiapo avec 2 Roumains et elle en profite pour les accompagner. Ensuite une discussion s’engage car certains ne sont pas satisfait du déroulement de la journée, mais la différence de rythme et de niveau ne permet pas de ne faire qu’un seul groupe ; personnellement, je trouve qu’on a quand bien respecté une allure correcte qui permettait à 80% du groupe de suivre. Décision est prise de faire des groupes le jour de l’ascension car on ne peut pas demander au plus forts de faire nombre de pauses pour attendre les retardataires. Le dîner est aussi très sommaire, soupe, tomates et salade de fruits, sachant que nous n’avons pas mangé à midi et marché toute la journée, effectuant 1.400 mètres de dénivelé ; incompréhensible. Certains veulent partir le lendemain matin et d’autres que l’après midi pour monter au refuge Atacama à 5.200 mètres. Les premiers voudraient avoir plus de temps à 5.200 mètres, les autres profiter encore des bains chauds et du confort de ce campement. La décision est mise au vote et c’est le départ l’après-midi qui l’emporte. Il est 22h00 quand on se couche.


Mardi 23 Janvier 2007.

Dernière nuit à 4.350 mètres avec toujours entre 8 et 10° sous la tente ; ça va bientôt changer. Ce matin, grasse matinée jusqu’à 8h15, même pour moi. Puis petit déjeuner plus consistant que la veille alors que c’est une journée de transfert. Dernier bain dans les thermes d’eau chaude à 4.400 mètres dans un paysage époustouflant, puis toilette. Je ne me rase plus, y a en marre, je suis en vacances. Entre-temps, un couple de Freiburg que nous avions déjà rencontré lors de notre arrivée, est revenue du Vicunas, un sommet à plus de 6.000 mètres, et nous raconte que leur tente s’est envolée avec le vent fort de la veille. Ils ne peuvent donc plus continuer et doivent renoncer à l’Ojos, qu’ils ont d’ailleurs trouvé trop ambitieux. Vers 12h00 nous démontons nos tentes et attendons le repas, une bonne paëlla mais des melons pas encore mûrs. Vers 15h00, nous partons, mais il un faut un volontaire qui reste sur place et qui sera cherché plus tard. Bernd R se propose sans grand enthousiasme et devant ma proposition de prendre sa place et donc que ce soit lui qui monte notre tente à 5.200 m, il me dit qu’il va rester et que je dois y aller. Je m’installe donc dans la jeep, coté passager et j’ai ainsi une vue idéale sur le paysage toujours aussi fabuleux. Nous nous engageons sur une piste sablonneuse où nous restons presque ensablé et l’Ojos se présente à nous majestueusement. On devine la trace et je suis vraiment impatient de me mesurer à lui, pourvu que la météo tienne. Le camp de l’Atacama, à 5.200 mètres, est presque complètement occupé et les emplacements de tente abrités derrière des murs de pierre, sont rares. Je m’apprête à monter notre tente derrière un petit mur que j’ai l’intention d’agrandir, lorsque Falk m’appelle car dans la tente dôme est installé un Français et il veut que je traduise ses propos. En fait, Falk veut surtout savoir si les Français, qui font le sommet, vont encore quitter le campement ce soir, ce qui nous libèrerait les emplacements, mais il n’en est rien. Lorsque j’ai fini ma traduction et que je sors, j’ai pris du retard pour le montage de la tente, mais les autres m’aident bien et ce n’est qu’une formalité. Ensuite je consolide et élève le mur de pierre à coup de grands cailloux afin d’avoir une bonne protection au vent. Il est 18h00, on est à 5.200 mètres et il ne fait même pas froid. On a encore besoin de mes talents de traducteur car un couple de Français ayant fait le sommet, arrive au campement. Ils sont partis à 5h00 du matin du refuge de l’Ojos à 5.800 mètres, sont arrivés pratiquement au sommet (le guide ne les a pas laissé faire les derniers mètres où il faut prendre la corde, ne la jugeant pas assez fiable) et termine leur périple après 12h00 de marche. Les conditions étaient idéales, ciel bleu, pas de vent, pas froid, mais ils sont épuisés. En fait, ils font parti d’un groupe de Terre d’Aventure, ont d’abord visité le désert d’Atacama, escaladé le volcan Lascar, mais ensuite le voyage s’est un peu moins bien passé et leur acclimatation n’était pas idéale. Contrairement à nous, ils ont pris l’avion de Santiago à l’Atacama, mais au retour ils prennent également le bus. Par contre leur hôtel n’a pas de piscine et ils ont été obligé de monter eux même les affaires au camp Tejos, leurs jeeps n’y allant pas ; heureusement ils ont pu bénéficier de l’aide du groupe d’Allibert dont les jeeps ont pris leur affaires. Le repas du soir est constitué uniquement de soupe, ce qui n’est pas gênant vu le repas de midi et ce qu’on a fait comme activité. Vers 21h00, je pars me coucher car je ne suis vêtu pas assez chaudement pour rester sous la tente dôme.


Mercredi 24 Janvier 2007.

Je me réveille vers 1h00 car j’ai froid aux pieds et je me glisse dans le drap de sac en soie que j’avais préparé à cet effet. Je dors seulement en slip et le reste du corps n’en souffre pas. Il fait environ 0° dans la tente et la toile est couverte de givre. Je mets un certain temps à me rendormir mais trouve finalement le sommeil et me lève vers 7h00. Je monte une petite colline pour avoir une vue sur l’Ojos au lever de soleil et atteint les 5.535 mètres, soient 275 mètres de dénivelé en 40 minutes, soit du 400 mètres/heure, pas mal à plus de 5.000 mètres. L’Ojos ne devrait pas poser de problème si la météo joue le jeu. Je redescend pour le petit déjeuner puis repars avec un petit groupe à un rythme plus lent. Le groupe se sépare et seul Franz continue avec moi et nous contournons la colline que j’avais escaladée 2 heures plus tôt, ce qui est plus long que ce que j’avais prévu. Franz s’impatiente et veut faire demi-tour, mais finalement j’aperçois le sommet de l’Ojos qui pointe son nez derrière la colline et il revient. Nous nous installons à un beau site abrité et pendant qu’il se repose, je continue un peu plus haut pour « éliminer » un obstacle que je veux pas avoir sur la photo. Je retrouve Franz à l’endroit où je l’avais laissé et je fais également une pause au soleil (plus de 30° à 5.500 mètres) avant de débuter la redescente sur le camp et d’attendre le repas à 14h00, spaghetti bolognaise. Ensuite, prise de notes, puis lecture d’un livre que le groupe de Français à oublié. Les nuages se font de plus en plus menaçants, épais et gris et le vent souffle fort. Les éléments terrestres semblent se déchaîner et entament notre moral, mais ici tout change tellement vite…Le soir, soupe, puis au chaud dans le duvet en espérant que la nuit chasse le mauvais temps.

Jeudi 25 Janvier 2007.

Deuxième nuit à 5.200 mètres et environ 2° sous la tente. Je me lève vers 7h00 et entame une petite ballade où je découvre un petit glacier enfoui sous les rochers et le sable. Retour au campement où Bernd R souffre de crampes d’estomac, il est littéralement plié en deux. Il prend des médicaments prescrit par le médecin du groupe et espère que son état va s’améliorer rapidement et que le sommet ne sera pas compromis. Je trie mes affaires en 2 sacs, l’un devant rester à ce campement, l’autre sera amené au camp de Tejos à 5.800 mètres. En attendant que Bern R prenne sa décision (rester sur place ou monter avec nous), nous laissons notre tente et j’aide les autres. Visiblement, ils en ont besoin car ils ne savent pas plier correctement la toile pour la rentrer dans le sac et mettent les piquets au-dessus du sac (au lieu de les enrouler dans la toile). J’enroule donc les toiles avec les piquets pour 3 tentes et l’ensemble rentre pilepoil dans les sacs à la grande surprise des participants ; je suis le roi du pliage de tente. Entre-temps, Bernd R a commencé le démontage de la notre, il va donc tenter le sommet, une bonne nouvelle, car abandonner si près du but sur maladie aurait été cruel. Je l’aide et vers 11h00, tout est fin prêt pour le départ au camp d’altitude. Mais avant, il va falloir manger car le cuistot ne monte pas avec nous. Il a fait les choses en grand, nous préparant un buffet froid avec salade de sardines, avocats, tomates, thon, moules, oignons, cœur de palmier, patates, etc. Vers 12h50, départ à pied vers le camp de Tejos en suivant la piste que vont emprunter les jeeps pour monter nos affaires, le luxe... Sur le chemin, nous passons à coté de pénitents, une curiosité de la nature. Il s’agit d’espèce de stalagmites de neige-glace de près de 2 mètres de hauteur, qui subsistent alors qu’autour il n’y a que sable et rochers. La cabane Tejos, en fait des cabanes de chantier, n’offre que 6 places, il faut donc trouver des volontaires pour dormir sous tente. Ce sont donc Bernd R, malgré ses problèmes de santé, Ute, Franz-Joseph, Jürgen, Reinhard et moi-même qui montons nos tentes à l’abri du vent ; ce sera mon 1er record de l’année, celui de la nuit la plus haute sous tente ; espérons que le 2ème suivra le lendemain…Je ressens un certain mal être à cette altitude, un peu de mal de tête qui m’incommode pour la lecture de mon livre. Je décide donc de me reposer jusqu’à 18h30, heure du dîner que nous allons prendre dans la cabane dans les 2 petites pièces où nous sommes à l’étroit, mais qui nous offrent une certaine chaleur à cette altitude. Au menu, salade de pomme de terre et saucisse, mais cela nous semble insuffisant et Falk déballe des soupes qu’il a spécialement emmenées au cas où, et qui sont fort appréciées pour les montagnards. Vu l’heure précoce, je fais un petit tour pour prendre des photos au coucher de soleil avant de rejoindre Bernd R sous la tente à 21h00. Il souffre de maux de tête et n’a vraiment pas l’air en forme, le pauvre, il fait pitié à voir. J’espère qu’il va se reprendre rapidement car dans quelques heures, ce sera le grand départ. Je mets un sous-vêtement long et le maillot « Craft » pour ne pas être réveillé par le froid (à condition que je puisse dormir car tout le monde dit qu’à cette altitude on ne dort pas). Mais je m’endors très rapidement au grand étonnement de Bernd R.


Vendredi 26 Janvier 2007.

C’est enfin le jour J. Je me réveille une première fois vers 2h30, puis Bernd R est obligé de me réveiller à 4h00 comme prévu. Il nous faut préparer les affaires à emmener au sommet (vêtements chauds, crampons, boisson, aliments, etc.) et mettre les autres (duvet, trousse de toilette, etc.) dans un 2ème sac qui restera sur place, mais les tentes doivent être vides pour qu’elles puissent être démontées par les personnes restant sur place. A 4h30, tout est emballé, pesé, et je me rends au refuge où je fais irruption en chantant «Jetz geht’s los – Jetz geht’s los », ce qui fait rire tout le monde. Au menu « Milchreiss » et « GriesBrei » pour avoir des réserves pour le sommet. A 5h0, je suis fin prêt pour ce défi. Il fait environ -10°, mais le vent froid qui cingle nos visages donne une sensation de « plus froid » et les doigts souffrent un peu. Comme à mon habitude, je pars légèrement vêtu, n’ayant que le sous-vêtement Carft, un pull polaire, une polaire sans manche et la veste goretex. J’ai également mis le pantalon goretex, mais sans sous-vêtement dessous et je me demande si ce sera suffisant, mais c’est trop tard pour changer. Une cagoule protège tant qu’elle peut mon visage du froid et les bâtons seront des alliés utiles pour la marche. Dès le départ, je me porte aux avant-postes et la montée douce du début fait vite place à une pente d’autant plus raide que nous ne suivons pas le chemin, provoquant des cassures dans le groupe. Nous devons déjà nous arrêter dans la nuit et le froid glacial pour attendre les autres qui risqueraient d’avoir du mal à trouver l’itinéraire vu que nous taillons tout droit dans la pente. Des tensions commencent déjà à se créer entre les premiers qui aimeraient poursuivre à ce rythme et les autres qui ont besoin de souffler. Nous essayons de maintenir une unité dans le groupe tant que l’obscurité ne permet pas de voir le sentier, mais dès que la clarté du jour sera suffisante, on se divisera en groupes. La sélection se fait tout naturellement et au lever du jour, alors que les rayons du soleil remplacent les étoiles, je suis toujours dans le premier groupe, mené à allure constante par Reinhard, Jürgen qui semble très motivé et Franz qui peine un peu plus pour ne pas lâcher prise. Le soleil n ‘arrive pas encore à nous réchauffer, mais nous retrouvons le sentier normal et chacun peut maintenant se débrouiller par ses propres moyens, néanmoins nous restons ensemble.

Le sentier progresse rapidement en lacets serrés pour arriver au névé que nous traversons, chaussés de nos crampons. Franz a cédé du terrain et ce sont Jürgen, Reinhard et moi qui marchons les premiers, non pas sur la lune mais dans une neige dure qui permet d’avancer rapidement. Il nous suffit maintenant de remonter la pente neigeuse pour arriver au cratère. Mais cette montée s’avère plus difficile que je ne le pensais, l’altitude et le manque d’oxygène commençant à se faire sentir. Je n’ai jamais du m’arrêter aussi souvent pour reprendre mon souffle, étant parfois carrément planté sur mes bâtons pour récupérer. Parfois, sur une partie un peu plus raide, je n’arrive qu’à enchaîne quelques pas avant de devoir reprendre ma respiration, soufflant comme un phoque, la bouche ouverte comme un poisson en train de chercher de l’air. Mes deux compères ont les mêmes difficultés et nous progressons toujours ensemble même si Reinhard a perdu quelques mètres. L’arrivée au cratère du volcan et déjà un soulagement et d’après le guide, il reste 1h30, ce qui m’étonne car le sommet semble à portée de main. Nous enlevons nos crampons et longeons d’abord péniblement le bord du cratère, progressant de plus en plus doucement et je puise au fond de mes réserves pour continuer au même rythme que Jürgen et cet effort me semble plus intense que les marathons ou même les 78 km de Davos. Le manque d’oxygène est vraiment terrible mais heureusement je n’ai aucun problème physique, ni mal de tête, ni douleurs d’estomac.

Nous arrivons enfin à la paroi rocheuse équipée d’une corde fixe et Jürgen veut me laisser passer pour récupérer, mais je refuse vu qu’il était en tête toute la montée. La petite escalade facile change un peu de la marche et nous arrivons rapidement au sommet du volcan le plus haut du monde, le point culminant du Chili, le 2ème plus haut sommet des Amériques. Contrairement à ce que je pensais, je ne suis pas euphorique et ne laisse pas éclater ma joie ; est-ce l’émotion ou la fatigue, ou les deux ? Il fait froid au sommet et je me mets à l’abri autant que je peux, essaye de faire une photo mais mon Ixus dit « changer la batterie ». Je crois que Reinhard, qui est arrivé entre-temps et qui nous a enregistré dans le livre du sommet, m’a pris en photo, faudra que je la récupère. Nous ne restons pas longtemps sur la cime et reprenons notre descente avec maintes précautions sur la paroi rocheuse et nous croisons les autres au niveau du cratère. Seuls Ute et Franz-Joseph manquent, mais Bernd et Rolland décident de s’arrêter là. La descente est un vrai calvaire pour moi et je chute plusieurs fois, heureusement sans gravité, d’abord dans la neige dure (on n’a plus remis les crampons) où je fais une belle glissade, puis sur le sol pierreux. Je commence à en avoir assez, et je décide de prendre une pause pour me ressourcer et manger un peu, car au sommet, tout était gelé, même les barres céréales. Cette pause m’a faite du bien et je descend doucement sur le sentier que j’ai enfin rejoint. Jürgen et Reinhard ne m’ayant pas attendu, je les retrouve au refuge Tejos à 13h00 où je m’empresse d’ôter mes grosses chaussures (qui m’ont tenu chaud, malgré les doutes de l’agence Allemande qui avait préconisé des coques plastiques).

Dans le refuge un café, du thé et des biscuits nous attendent. Personne n’est encore revenu au refuge après nous, lorsque nous attaquons la dernière étape pédestre de la journée, la descente au refuge Atacama à 5.200 mètres d’où les jeeps doivent nous ramener encore plus bas, à 4.700 mètres, à l’ancien refuge de l’Ojos. Nous évitons la grosse piste, empruntons un petit sentier et arrivons au camp de base à 15h00 où nous retrouvons Ute et Franz-Joseph. Nous nous installons dans la tente, monopolisée par un groupe d’Italiens dont l’un a fait le sommet en basket en 3h40’, pour boire un thé et grignoter un peu. Une première jeep disponible descend à l’ancien refuge à 4.700 mètres et emmène Jürgen, Reinhard, Ute et Franz-Joseph. Je reste donc à Bernd, Rolland et Franz et les Italiens, le temps que les autres arrivent. Lorsque nous sommes enfin au complet (les derniers participants se sont fait ramener de Tejos en jeep), nous descendons avec trois jeeps, mais manquant de place, je me sacrifie avec Rolland pour attendre que la première jeep descendue revienne nous chercher, ce qui ne devrait tarder, pensons-nous. Mais finalement, vers 18h00, une jeep d’un autre groupe descend un Italien malade et nous emmène. Nous arrivons au refuge vers 19h15 où notre minibus nous attend pour aller à la lagune Verde, prendre un bain dans l’eau chaude. Je n’ai même pas le temps de ranger mes affaires, ni de prendre serviette ou maillot de bain et je saute dans le véhicule qui part direction la détente. Nous ne sommes malheureusement que 6 à vouloir profiter de l’occasion pour nous laver, mais c’est vrai que les petits bassins avec l’eau chaude ne sont pas très accueillants et de plus, le vent souffle. Mais comble du confort, cette fois-ci nous allons dans le refuge au bord de la lagune dans lequel est aménagé une petite piscine couverte, remplie de bonne eau chaude, un délice après le sommet, le luxe même. Retour au refuge où je m’installe dans le seul coin restant disponible avant qu’on passe à table : bière en apéritif, poulet énorme et patate.


Samedi 27 Janvier 2007.

Je me lève vers 7h00 et sort du refuge encore endormi. Je fais quelques photos en cours de route, puis revient au refuge pour le petit déjeuner suivi d’une séance « photo de groupe » avec en toile de fond, l’Ojos, et je fais sensation car sur certaines photos, j’ai « enlevé le haut » et pose torse nu, alors que les autres sont transis de froid. Nous partons en minibus et jeep et cette-fois, n’ayant plus la nourriture et l’eau à transporter, il y a plus de place dans les jeeps, ce qui libère également de l’espace dans le minibus où nous sommes à l’aise. Nous empruntons la même piste qu’à l’aller avec toujours de superbes paysages dont les couleurs sont bien mises en évidence par le soleil levant, magnifique ; je ne me lasse pas de le contempler. Enfin, nous changeons de direction et traversons la frontière Argentine pour nous retrouver au Chili. Les montagnes sont de moins en moins hautes et les touffes d’herbes jaunies se multiplient, faisant ressembler le sol à un tapis jaune du plus bel effet sur fond de ciel bleu pur. Nous n’avons pratiquement pas encore perdu d’altitude lorsque nous pénétrons dans un immense canyon aride aux couleurs grises et ocres, que nous descendons rapidement en virages serrés avant de longer sa vallée en croisant de nombreuses fois le chemin de fer qui désert les mines exploitées dans cette région. De temps en temps, une rivière permet à la nature de vivre et d’offrir aux hommes des possibilités de survie et des petites cités minières poussiéreuses, grises et tristes et offrant bien peu de confort, brisent la monotonie sous un soleil de plomb. Vers 15h00, nous arrivons enfin à Chanaral et après quelques kilomètres de plus, la plage apparaît dans un décor toujours aussi aride, seul quelques buissons et des cactus, ressemblant à des pelotes de laines poussent tant bien que mal. Heureusement, dans le camping des emplacements de tente sont prévus avec des petits abris permettant de trouver un peu d’ombre grâce à des toits de chaume. Nous montons rapidement nos tentes et courons vers la plage pour nous baigner dans une mer agitée. Nous jouons avec les vagues qui déferlent comme des rouleaux et nous amusons à sauter par dessus dès qu’elles arrivent ou à plonger sous elles. L’une ou l’autre fois, une vague plus forte nous renverse et nous fait boire la tasse, c’est super. Ensuite il faut aller à la douche dont l’eau est chauffée par le soleil et on se sent de nouveau propre. Vers 19h00, le repas commence à être préparé. Au menu daurades, achetées au village voisin en même temps que la boisson. Les daurades sont frites dans l’huile et accompagnées de salades de tomates et de concombres, le tout arrosé de vin blanc du Chili, chacun a sa propre bouteille et Bernd et moi trinquons ensemble, c’est à celui qui aura vidé la bouteille en premier. L’ambiance est détendue sous le soleil couchant qui colore les nuages d’une belle teinte violacée et créé une belle luminosité. J’en profite pour raconter quelques blagues et essaye d’entraîner les autres, mais personne ne prend le relais et on part se coucher.


Dimanche 28 Janvier 2007.

J’ai dormi comme une souche et me réveille vers 7h00 dans une tente où il fait déjà 25°. Je me promène le long de la plage, sans appareil photo, et cherche quelques coquillages particuliers. Puis je grimpe sur un rocher pour avoir une vue d’ensemble sur la plage et la mer, encore plongées sous une brume tenace et un ciel couvert. Après le petit déjeuner, je fais un peu de lessive avant que nous embarquions sur un petit bateau pour admirer la faune du parc national du Pan de Azucar ; nous y voyons pélicans, mouettes, pingouins de Humboldt, petits par la taille, et qui nous regardent passer, impassibles. Ca et là, il y en a un qui bouge et certains nous font rire avec leur démarche maladroite et leur difficulté à escalader les rochers pour sortir de la mer. Ensuite, c’est au tour des otaries qui se prélassent sur les rochers. Au retour, sous le soleil revenu, je vais à la mer me baigner, puis Bernd me photographie sur des rochers où je découvre une étoile de mer. En cherchant, j’en trouve d’autres, puis d’autres bestioles que je ne reconnais pas et de centaines de petites moules violettes agglutinées à un rocher. Je prend encore un bain de soleil sur la plage qui commence à se remplir de monde qui se prélasse au soleil ou joue aux raquettes. Au retour, d ‘énormes steaks grillent sur le barbecue et me font déjà venir l’eau à la bouche. Le repas est fantastique, en entrée des boudins bien assaisonnés, suivi de la viande grillée et tendre, accompagnée par du vin rouge du Chili qui détend encore une fois l’ambiance comme la veille et je raconte encore quelques histoires. Il ne reste plus qu’à faire les bagages pour retourner à Bahia Inglesa par une route côtière qui traverse le paysage toujours aussi aride, mais un peu plus habité, et nous traversons quelques villages, hameaux et campings. A Bahia Inglesa, on s’installe dans nos bungalows et je repars nager un peu dans une mer plus sale où les méduses et les algues ne sont pas rares. Je ne peux pas rester trop longtemps au soleil pour ne pas risquer des brûlures vu le bain que j’ai déjà pris la veille. Je retourne donc aux habitations et essaye vainement de téléphoner, les liaisons internet étant beaucoup trop lentes. Le dernier dîner commun est pris dans un restaurant en ville : ceviche (poissons crus) et poissons cuits avec crudités et patates. Nous retournons à notre quartier général où nous nous installons autour de la piscine pour prendre un dernier verre. Des bouteilles de bières fleurissent sur les tables, bientôt rejoint par des cocktails préparés dans de grands verres munis de pailles. Nous nous mettons à 3 ou 4 autour d’un verre et suçons le nectar préparé par le barman, un Chilio-Allemand marrant et plein d’énergie et de bonne humeur. Heinrich se dirige vers la piscine et commence une danse endiablée dans une chorégraphie digne de Flashdance. Il a l’air complètement en transe et fait le bonheur des enfants qui rient à gorge déployé. Le temps a passé et il ne reste plus que Ute, Heinrich, le barman, les enfants et moi. Heinrich va chercher les enfants, les encourage à danser avec lui et l’ambiance et telle que nous faisons même une chenille. A 2h00, les enfants partent se coucher contre leur gré, mais le barman est intransigeant, mais continue de nous servir des mixtures de son invention, ne nous faisant même plus payer. Il est tellement content qu’il offre un bâton de pluie à Ute et un verre de cocktail à Heinrich et moi. Vers 3h00, nous allons enfin nous coucher et j’arrive tout juste à grimper dans mon lit que est le supérieur.


Lundi 29 Janvier 2007.

Je me lève pour pisser et je vois qu’il est déjà 8h30 alors que le petit déjeuner est à 9h00. Dans l’appartement tout est encore calme et seul Franz-Joseph est déjà debout. Je réveille les autres et nous allons au petit déjeuner, puis nous faisons nos bagages car il faut libérer les pioles pour 12h00 et le repas d’adieu est prévu à 14h00. Je fais un petit tour en ville, puis me présente au repas. Christian ramène des bières, du vin blanc et rouge, ça promet…Au repas, poissons et crudités, je n’ai jamais mangé autant de poissons que ces derniers jours, encore heureux, sinon je crois que j’exploserai. Au digestif, pisco et j’entonne même la chanson « Il est des nôôôtre » au grand étonnement des Allemands. Je leur fait même l’affront d’entonner la Marseillaise, ils n’en reviennent pas, l’Alsacien, ils s’en souviendront… Ensuite, pour passer le temps en attendant le départ en bus de nuit vers Santiago, nous jouons au baby-foot et au ping-pong. Malgré l’alcool, mon partenaire Bernd et moi sont presque imbattables, faut dire que les adversaires ne sont pas terribles…Nous allons au terminal de bus Pullman pour en prendre un beaucoup plus confortable et mieux climatisé que celui qu’on avait à l’aller et j’arrive à bien dormir. Quand je me réveille, on est déjà Mardi, le jour du retour.


Mardi 30 Janvier 2007.

Arrivée à l’hôtel Rio Bidasoa (le même qu’au début du séjour), installation dans 2 chambres réservées pour la journée (vu qu’on part le soir), petit déjeuner copieux, douche. Puis je pars en ville en taxi avec Ute et Franz-Joseph, les autres préférant rester à l’hôtel et se connecter à internet. En ville, achat et écriture de cartes postales, puis repas dans le marché aux poissons, gambas aux poivrons, ensuite retour à l’hôtel pour une dernière baignade dans la piscine et départ vers l’aéroport à 17h00. L’avion décolle à 8h15 à Santiago pour un vol de 12h00 et arrive à Madrid à 12h45 (le lendemain).


Mercredi 31 Janvier 2007.

Arrivée à Madrid à 12h45 où nous avons une escale nous permettant de faire un peu les magasins du Duty-free avant de ré-embarquer pour un décollage à 14h25. Atterrissage à Frankfurt à 16h35. L’avion a un peu d’avance, ce qui me permet de prendre le train à 17h20, en avance car je prévoyais de prendre celui de 17h58. A Manheim, je change de train, me renseigne sur la meilleure possibilité pour relier Kehl et arrive effectivement à Kehl avec 30’ d’avance par rapport à l’horaire que j’ai prévu. Anita m’attend déjà à la gare et nous rentrons à Brumath.

Fin d’un beau voyage avec d’excellents souvenirs.


ASCENCION DE L’OJOS DEL SALADO : 11 au 21 JANVIER 2007


En Janvier 2007, je pars avec l’agence allemande DIAMIR pour l’ascension du volcan le plus haut du monde, point culminant du Chili et 2ème plus haut sommet des Amériques, l’Ojos del Salado à 6.893 mètres. Le groupe est formé de douze Allemands, un Suisse et un Français (moi), encadré par un accompagnateur Allemand, et cinq Chiliens : un responsable, deux guides, un cuistot et un chauffeur. Le voyage commence par une visite guidée de la capitale Santiago qui s’étale, agglomérations comprises, sur une surface de 1500 km2 et qui abrite environ 6 millions de Chiliens, soit près du tiers de la population. La ville ne présente pas de grand intérêt, ne comportant pas beaucoup de monuments historiques, mais présente une diversité architecturale entre les vieux quartiers traditionnels et les buildings de verre, de béton et d’acier. Elle reste cependant agréable à vivre grâce à des larges avenues ombragés et ses parcs verdoyants où se retrouvent les Chiliens. Avant de partir vers les montagnes, nous faisons un crochet par la mer et nous rendons à Bahia Inglesa, une station balnéaire fort réputée, près de Caldera à environ 850 km au nord de Santiago. Petite baignade dans une mer infestée d’algues et de méduses et transfert à travers des paysages arides et secs, mais toujours colorés, vers la lagune de Santa Rosa, notre premier campement à 3.600 mètres.

Les montagnes aux couleurs invraisemblables, allant du jaune à l’ocre, du brun au rouge, du carmin au gris se reflètent dans la lagune dans laquelle s’ébattent flamands roses, oies et autres volatiles. Ces nuances de couleurs sont encore démultipliées sous l’action du soleil en fonction de l’heure de la journée et de l’endroit d’où on observe la nature. Les températures atteignent les 35° à 40° et aucune trace d’ombre à l’horizon, et descendent près de 6° la nuit, heureusement le duvet est prévu jusqu’à -20°. Vers 13h00 un vent fort commence à souffler et nous oblige à trouver des abris pour s’en protéger, mais impossible d’aller se réfugier sous la tente où la température approche les 50° sous l’action du soleil. Enfin nous partons vers notre premier sommet d’acclimatation à 4.800 mètres qui ne pose pas de problème particulier et qui nous offre un panorama exceptionnel à 360°, découvrant des sommets enneigés à plus de 6.000 mètres. Après 3 nuits à cette altitude et ayant vu la lagune de tous les côtés, au lever et au coucher du soleil, départ vers la lagune Negro Francisco à 4.100 mètres, un petit pas de plus vers l’altitude. Cette lagune est vraiment étonnante, car séparée en deux par une bande de terre, l’eau de l’une étant brune, sombre et déserte, l’autre d’un bleu azur et colonisée par des centaines de flamands roses qui s’envolent dès notre approche. Ici, il y a même un refuge qui nous offre la chaleur d’un feu de bois dans la cheminée pendant que nous nous restaurons, mais avec mon collègue, nous couchons dans la tente où la température descend jusqu’à 0°. Nous faisons notre 2ème sommet d’acclimatation à près de 5.000 mètres qui nous offre une superbe vue sur les montagnes aux couleurs irréelles et aux sommets enneigés et même une vue sur notre objectif, l’Ojos. Nous restons 2 nuits à cette altitude avant de repartir vers la lagune Verde par une piste qui nous offre encore de beaux paysages, avec des cours d’eau qui attirent des troupeaux de vigognes, peuplant un peu ces régions désertiques. La lagune Verde est un site exceptionnel, une lagune à l’eau bleu azur ou turquoise selon l’endroit où on l’observe, serti dans un écrin de falaises blanches et ocres et entourée de sommets colorés.

L’eau de la lagune est extrêmement salée et on y flotte littéralement, et des sources d’eau chaude permettent de se relaxer et de se baigner à 30° et ce à 4.400 mètres d’altitude, exceptionnel. Ce qui est étonnant, c’est que la nuit les températures ne descendent pas sous les 8° sous tente, certainement à cause de l’activité terrestre. Une petite ballade à 5.000 mètres et c’est au tour de notre 3ème sommet d’acclimatation, le Cerro San Francisco à 6.020 mètres, situé sur la frontière Chilio-Argentine. C’est un vrai test, car il faut avaler un dénivelé de plus de 1.300 mètres à partir de 4.750 mètres où le bus nous libère. L’ascension commence par une partie relativement plate sur un sol stable fait de grosses pierres et de roches volcaniques. Après une petite descente, une pente raide à flanc de montagne, dans le sable et sur un sol instable, met les organismes à rude épreuve. La sélection s’effectue et les groupes se forment. Prenant photo sur photo, je fais la navette entre les différents groupes pour ne pas prendre d’avance et n’accélère le pas qu’à 200 mètres du sommet pour y arriver en solitaire ; je viens de gravir mon 2ème 6.000 mètres en espérant que le proverbe « jamais 2 sans 3 » va se réaliser pour moi. La descende « tout droit » à travers les éboulis est exposée à un vent très violent, estimé à près de 100 km/h par les Chiliens, qui nous envoie la poussière en pleine figure, dans le visage et les yeux malgré les lunettes de glacier. A notre arrivée au campement, Carmen nous annonce qu’elle arrête là son voyage ayant trop souffert lors de la montée et ne se sentant pas de taille à affronter l’Ojos. C’est la 2ème défection après celle de Klaus, le Suisse, qui ne s’est pas acclimaté et qui n’a pas supporté la chaleur de la journée et le vent froid. Le lendemain, nous montons au refuge Atacama (du nom de l’université qui l ‘a sponsorisé) à 5.200 mètres où nous restons deux nuits pour nous acclimater, les journées étant réservées à quelques petites ballades et au repos avant d’affronter l’Ojos. Lorsque nous y arrivons tous les emplacements aménagés avec des murs de pierres pour protéger les tentes du vent omniprésent sont déjà occupés par un groupe français parti avec Terre d’Aventure, avec lesquels je discute et qui m’apprennent qu’ils sont arrivés au cratère mais pas au sommet car le guide leur a interdit l’accès final sous prétexte de manque de sécurité. Nous prenons nos repas et petits déjeuners dans la tente dôme dressée au centre du campement et qui nous offre un certain confort et une certaine chaleur bienvenue à cette altitude. Malgré l’altitude, je dors relativement bien, ne sentant pratiquement aucune gêne. Après 2 nuits passées à ce camp de base, il est temps de monter au camp d’altitude, au refuge Tejos à 5.800 mètres pour la dernière marche avant le sommet. En fait de refuge, il s’agit d’une cabane de chantier qui offre 6 couchages, 2 petits emplacements pour manger et une minuscule cuisinette. Ne pouvant tous dormir dans le refuge, nous sommes à 6 (dont moi) à dresser nos tentes à l’abri du vent, derrière le refuge. Encore une fois, je dors extrêmement bien au grand étonnement de mon coéquipier qui souffre de crampes d’estomac et de maux de tête. Le départ de l’ascension est prévu à 5h00 du matin et vers 4h00, Bernd me réveille, je prépare mes affaires (il faut ranger les affaires inutiles pour la montée dans un sac avant de partir pour que les tentes puissent être démontées) et à 4h30, je fais irruption dans le refuge pur le petit déjeuner en chantant « Jetz geth’s los, jetz geth’s los » au grand étonnement des Allemands qui ne semblent pas trop réveillés. Au menu « Milchreiss » et « Griesbreï », puis nous partons à 5h05 avec un vent glacial qui fait penser que la température est inférieure aux -10° qu’il fait en réalité. Immédiatement des groupes se forment et tant que le soleil ne nous éclaire pas assez, les premiers attendent les autres, car nous traçons tout droit sans suivre de sentier. Mais dès que la lumière est suffisante et que l’astre solaire commence à nous réchauffer, chaque groupe évolue à son rythme, d’autant plus que maintenant nous avons rejoint le sentier normal qui est bien tracé.

Je suis dans le groupe de tête avec Jürgen, Reinhard et Franz et nous progressons rapidement sur les lacets serrés avant d’atteindre le névé qui nous oblige à chausser nos crampons pour progresser sur la neige dure. Il nous faut maintenant gravir la pente neigeuse pour accéder au cratère du volcan. Le rythme se ralentit, les pauses se multiplient et se rallongent, les pas rétrécissent, le souffle s’accélère et on recherche la moindre molécule d’oxygène, la bouche ouverte comme un poisson qui s’asphyxie. L’arrivée au cratère est déjà une satisfaction et d’après le guide Chilien, il ne reste plus que 1h30 pour être sur le point culminant du Chili. Nous déchaussons nos crampons et longeons la paroi rocheuse du cratère avant d’arriver à la seule petite difficulté de cette ascension, une falaise d’une trentaine de mètres, équipée d’une corde fixe. Cet ultime obstacle est vite franchi et nous atteignons notre objectif à 10h30 après 5h30 d’efforts, le volcan le plus haut du monde est vaincu. Je suis particulièrement épuisé et la descente sans crampon à travers la neige me réserve l’une ou l’autre glissade sans gravité. Je fais une pause, mange quelques barres céréales congelées, et repart pour rejoindre le refuge Tejos. Un café, quelques biscuits et nous continuons notre descente vers le refuge Atacama où nous attendons les autres membres de l’expédition sous la tente dôme. Nous avons décidé de descendre encore plus bas, jusqu’à l’ancien refuge au pied des Barancas blancas (falaises blanches) à 4.700 mètres, en jeep car il y a quand même 22km de distance. A peine arrivé, le minibus nous emmène à la lagune Verde pour prendre un bain dans les thermes chaudes et couvertes et ce quelques heures seulement après avoir été à 6.893 mètres, le luxe ; quel autre voyage peut proposer cela ? Le lendemain nous nous retrouvons à la mer et profitons de l’aubaine pour nous baigner malgré les vagues qui déferlent inlassablement en rouleaux bouillonnants et avec lesquelles nous jouons. Il ne nous reste plus qu’à observer les pingouins de Humboldt, les otaries, les pélicans et mouettes, les étoiles de ver, moules et autres mollusques dans le parc naturel de Pan de Azucar, de refaire un tour dans la station balnéaire de Bahia Inglesa avant de rejoindre Santiago pour clôturer cette belle aventure.


DUDT Roby

Je partage la chambre avec Klaus, un Suisse de Spiez. Après avoir pris une bonne douche, nous descendons à la piscine pour boire une bouteille d’eau alors que d’autres Allemands, là professionnellement pour du négoce de vin, monopolisent la piscine et s’envoient bière et vin blanc. Nous discutons un peu de la Suisse en attendant que le bus vienne nous prendre pour une visite guidée de la ville. En fait, il ne reste pas grand chose de l’ancienne ville et les bâtiments sont surtout modernes et bien hauts. Des immeubles en béton et verres côtoient des bâtiments plus anciens et forment un mélange sans aucune homogénéité.

..Nous visitons la cathédrale aux intérieurs ornés et décorés, passons dans la Moneda où furent frappées les pièces de monnaie avant que cela ne devienne la résidence du Président jusqu’à une certaine époque. Aujourd’hui la Présidente Bachelet n’y réside plus, mais les ministères y sont installés. Nous reprenons le bus, traversons le fleuve Mapocho qui coupe la ville en deux pour rejoindre de beaux quartiers plus anciens, avec des habitations traditionnelles, bien verdoyants et aux nombreuses fleurs. La guide nous explique que la plupart des habitants de Santiago ne veut plus vivre dans des habitations individuelles à cause des problèmes de sécurité et préfère s’installer dans des immeubles. Au fur et à mesure, ces maisons individuelles sont donc détruites car il n’y a pas beaucoup d’acquéreurs et remplacées par des immeubles. Le bus monte ensuite en lacets serrés au Cerro San Cristobal à 860 mètres qui offre une vue panoramique sur la capitale et où trône une statue de la vierge Marie fabriquée à Paris. La ville n’étant pas très intéressante du point de vue architectural et de bâtiments coloniaux, j’ai hâte de débuter le trek et espère que le lendemain ne sera pas trop ennuyeux. Mon estomac me rappelle alors que nous n’avons pas encore mangé depuis le petit déjeuner dans l’avion et il crie famine. Va falloir encore patienter 2h00 car le RDV au restaurant n’est prévu qu’à 21h30 ! J’en profite pour réviser mon espagnol car le réceptionniste n’a rien compris quand je lui ai demandé les clés de la chambre. Je n’ai pas tenu très longtemps car le décalage horaire a fait son effet et je me suis assoupi comme une masse. Mon compagnon de chambre me réveille et on part en bus au restaurant « Los buenos muchachos », un immense établissement de plus de 500 couverts au milieu duquel est installée une scène où joue un orchestre au son duquel des groupes folkloriques dansent. Après un cocktail de bienvenue (Pisco sour) on nous amène des grillades succulentes sur des grills miniatures chauffées au charbon de bois ; excellent ; Vers 23h30, le bus nous attend pour rentrer, mais nous nous faisons tirer l’oreille car des danseuses de l’île de Pâques, en tenue légère, se produisent sur la piste. L’ambiance est chaude car les danseurs (ses) cherchent des partenaires dans la salle pour les entraîner dans leurs rythmes endiablés ; certains vont faire de beaux rêves cette nuit…

Samedi 13 Janvier 2007.

Je me réveille peu après 6h00, patiente un peu, prend ma douche, me rase, révise mon faible espagnol, prend mes notes de la soirée écoulée et attend le petit déjeuner. On se donne RDV à 11h30 pour un départ groupé en RER vers le centre ville où nous nous dispersons et je pars avec Klaus, Heinrich, Bern R. et Helmut au Mercado Central, le marché aux poissons où règne une activité de ruche. Partout des pêcheurs proposent leurs marchandises fraîchement attrapées. On y trouve toutes sortes de poissons et divers coquillages et autres crabes et langoustes. Les étalages sont copieusement garnis et les affaires vont bon train. Un peu partout des rabatteurs accostent les touristes pour leur proposer « le meilleur plat de poissons du marché ». Nous nous arrêtons chez Donde augusto qui nous propose d’abord une bière à la pression avant de prendre un plat de poissons (daurade et espadon). Le poisson, accompagné de riz, est excellent, mais un peu sec car aucune sauce ne l’accompagne. Après le repas Klaus nous quitte et nous restons à 4 à nous diriger vers le parc de Santa Lucia, située sur une petite butte. Une petite ballade sympathique nous amène vers le sommet d’où nous jouissons d’une belle vue sur la ville avec ses immeubles en verre dans lesquels se reflètent les arbres du parc et les immeubles voisins dans un kaléidoscope multicolore. Nous passons au supermarché acheter de l’eau avant de prendre le métro pour le retour à l’hôtel où je me baigne dans la piscine et me laisse dorer au soleil. Encore un peu d’attente et nous voilà parti vers le terminal de bus pour prendre un bus-couchette qui doit nous amener au Caldera en passant par Copiapo. L’atmosphère dans le bus est étouffante, moite et la climatisation fonctionne très mal. On en profite tant qu’il fait jour pour admirer le paysage avant de fermer les rideaux, de rabattre les sièges et d’essayer de dormir. Le trajet est entrecoupé de haltes pour prendre d’autres voyageurs et d’arrêts aux péages. Vers 7h00, nous avons droit à une pause plus longue pour aller aux toilettes et acheter un café et pain car le petit déjeuner annoncé dans le bus est absent.

Dimanche 14 Janvier 2007.

Nous arrivons vers 9h20 à Caldera où nous chargeons nos affaires sur des 4x4 qui nous amènent à Bahia Inglesa, dans nos bungalow, près de la mer. Le paysage est aride et rocheux, sans végétation et ce n’est pas du tout ce qu’on attendait d’un complexe de plage réputé. Néanmoins, les maisonnettes sont construites dans un jardin plein de verdure et de fleurs butinées par des colibris. Cet endroit détonne vraiment par rapport au paysage ambiant, un petit paradis, une oasis dans le désert. Soudain nous remarquons qu’il manque le tonneau bleu dans lequel sont des affaires du groupe et puis seulement que Jürgen est également absent. Certains affirment l’avoir vu à notre arrivée, mais il reste introuvable. Falk prévient donc la compagnie de bus de nous renvoyer le tonneau par un bus de retour et repart direction Caldera au terminal de bus pour voir si Jürgen y est. Effectivement, pendant que Jürgen a cherché le fût dans la cale du bus, nous sommes parti en 4x4 en l’oubliant. Tout rentre donc dans l’ordre. Nous nous installons dans le restaurant où on nous sert un petit déjeuner frugal mais fort apprécié, vu qu’on n’a plus rien mangé de correct depuis la veille à midi. Dehors, la brume matinale a laissé place à un soleil éblouissant qui nous brûle lors de notre petite reconnaissance de la ville en attendant la mise à disposition des chambres. Vu la chaleur qu’il fait, je reste à l’ombre du bungalow, mais vers 13h00, sous l’insistance de Franz, je l’accompagne à la mer où des méduses séchées jonchent le sol entre des algues vertes et brunes ; pas très accueillant tout cela. L’eau de mer est très brune et salée et nous n’avons aucun mal à y flotter ; quelques brasses, quelques longueurs sur le dos en essayant d’éviter les méduses, non dangereuses selon les locaux, et nous retournons à nos chambres. Nous allons en ville acheter eau et bière et nous installons à l’ombre d’un arbre pour la dégustation. Vers 18h00, je repars seul à la plage où il y a plus de monde que le matin, mais toujours personne qui nage. J’y vais quand même et me laisse bercer par les vagues avant de me laisser sécher au soleil qui décline déjà à l’horizon. Je me rends au bord de la piscine du complexe où nous est servi un barbecue ; bière, pisco sour, vin du pays et grillades avec boudins, saucisses et steaks, le tout accompagné de salades de crudités ; excellent. L’équipe locale se présente et trinque avec nous.

Des d’ossements et des dents de requins ont été dérobés pour être vendu sous le manteau. Nous continuons notre route vers Caldera qui a la gare du plus ancien chemin de fer d’Amérique du Sud et qui relia Caldera à Copiapo et qui fut inauguré le 25 décembre 1851. La gare, transformée en salle de spectacle et d’exposition, abrite également le musée géologique où sont exposés divers minéraux, fossiles et ossements de poissons et une énorme mâchoire de requin pourvu de rangées de dents impressionnantes. Nous continuons vers Copiapo où nous nous baladons avant de prendre le repas et de partir vers 15h25 pour nous rendre à notre premier campement.

Nous sommes tous entassé dans un minibus dont la clim ne fonctionne pas et mon thermomètre affiche 35°. Heureusement nous rejoignons nos jeeps dans lesquels quelques uns prennent place, libérant de l’espace pour les autres ; on peut déjà mieux tenir dans le minibus. Nous prenons d’abord une route goudronnée avant de bifurquer sur une piste où notre passage soulève un nuage de poussière qui pénètre dans l’habitacle, rendant la respiration difficile. Le paysage est aride et seuls quelques rares arbustes survivent.

Roby Dudt ou passion quand tu nous tiens !

ASCENCION DE L’OJOS DEL SALADO :

du 11 au 21 JANVIER 2007

Lundi 15 Janvier 2007.

Réveil à 7h00, douche, petite ballade matinale, petit déjeuner à 8h00. Tout le monde est très calme. Départ prévu à 9h00 et réel à 9h25, va falloir mettre au pas les Chiliens ! Nous nous dirigeons vers un parc géologique pour observer les différentes couches de l’évolution de notre planète, de 250 millions d’année à nos jours. On y trouve également nombre de fossiles, entre autre de requins et de baleines. Le site est protégé « théoriquement » car il n’y a ni clôture, ni enceinte, ni surveillance.